Le 1er janvier 2019 sonnera la fin de l’utilisation des pesticides chimiques de synthèse dans les jardins des jardiniers amateurs. Pesticides danger ?
Voilà nous y sommes presque. D’ici un mois, nous passerons en 2019 et à dater du premier jour l’interdiction d’utiliser un pesticide dans un jardin sera effective. Il est vrai que le 1 er janvier, nous penserons à autre chose… Mais dès les vapeurs de réveillon atténuées, la réalité reprendra le dessus. Exit du jardin les pesticides chimiques de synthèse en tout genre : insecticides, acaricides, fongicides, herbicides, débroussaillants…
Ce sera toujours 2000 tonnes en moins dans la nature, ce qui ne représente « que » 2 % des pesticides utilisés en France, contre 8 % par les collectivités et le reste (90%) par l’agriculture conventionnelle (76000 tonnes, chiffre toujours en hausse malgré le Grenelle de l’Environnement de 2008 qui prévoyait une baisse de 50 % d’ici …2018 ! Raté !)
Pesticides, définition
Un pesticide (ou produit phytopharmaceutique ou phytosanitaire) est un produit destiné à détruire ou freiner la croissance de végétaux dits indésirables, et à détruire des organismes jugés nuisibles pour une culture.
Quels sont les risques pour l’utilisateur ?
Pesticides, danger !
Selon un rapport de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) publié le 14 mars (2011 NDA), le sang des Français contiendrait trois fois plus de certains pesticides que celui des Américains ou des Allemands. http://www.journaldelenvironnement.net/article/pesticides-une-prise-de-sang-qui-fait-mal,22088
Risques pour la santé
Les produits phytosanitaires peuvent contaminer l’utilisateur et son entourage par un contact avec la peau, lors de la préparation de la solution et/ou lors de la pulvérisation et/ou lors du nettoyage du pulvérisateur. Mais aussi par inhalation des vapeurs du produit même si ce dernier ne sent rien, par ingestion, lorsque l’on fume, mange, mâchonne un chewing-gum, ou que l’on téléphone pendant le traitement !
Les effets possibles sont des migraines, nausées, irritations cutanées…mais aussi augmenter le risque de cancers ou de maladie neurologique, d’endommager le système immunitaire, de perturber les régulations hormonales ou avoir des effets néfastes sur la reproduction…
Risques pour l’environnement
- Pollution des sols et des eaux de surface ou souterraines. Un seul gramme de substance active (c’est la substance qui agit sur les organismes à détruire, le reste ce sont les adjuvants qui eux aussi peuvent avoir des conséquences sur la santé et l’environnement) d’un produit de traitement, soit l’équivalent d’un capuchon de stylo, peut polluer un fossé (ou rivière) d’1 mètre de large, sur 1 mètre de profondeur sur …10 km de long !
- Destruction indirecte de population d’animaux (vertébrés et invertébrés), comme les vers de terre, les insectes pollinisateurs, les auxiliaires… mais aussi les oiseaux, les rongeurs…
Le jardinier est un irresponsable ?
A sa décharge, le jardinier amateur n’a pas reçu de formation sur les produits phytosanitaires, leurs actions, leurs dangers, leur rémanence (durée d’action du produit) et le délai avant récolte (nombre de jours à attendre entre le traitement et la récolte. Il existait un produit contre le ver du poireau où le délai avant récolte était de 3 mois ! Combien de personnes se sont empoisonnées en mangeant les poireaux du jardin… Les modes d’utilisation et précautions à prendre sont écrits sur le paquet en petit et avec un langage parfois déroutant pour un non initié.
Et il est d’usage quand on traite de « forcer la dose » et de finir la pulvérisation « pour ne pas perdre de produit ». Mais malheureusement, la pulvérisation continue sur des végétaux n’en n’ayant pas besoin.
Tout cela sans équipement de protection individuel (EPI). Et quid du respect des consignes de sécurité lors de la pulvérisation ou du nettoyage du matériel.
Un enquête menée par la FREDON des Hauts de France en 2009 (ça date un peu mais les chiffres n’ont pas dû bouger beaucoup…) montre que les jardiniers amateurs ne se rendent pas vraiment compte de la toxicité des produits de traitement qu’ils utilisent dans leur jardin ;
«23% seulement considèrent que les pesticides sont des produits dangereux pour l’homme et les enfants, derrière les animaux (52%) et l’environnement en général (39%) »
Les erreurs de pratique dues à des croyances sont nombreuses :
- Traitement par jour de vent pour que les gouttelettes aillent partout !
- Traitement sur végétaux mouillés pour que le produit s’étale bien !
- Encore un peu ici, si ça ne fait pas de bien, ça ne peut pas faire de mal !
- Mais ce n’est pas dangereux, c’est en vente libre !
- Il vaut mieux utiliser les produits agricoles qui sont plus efficaces !
Sans compter les 8% qui réalisent le dosage « au hasard ». En moyenne à l’hectare, le jardinier épand 3 fois plus de pesticides qu’un agriculteur ! 8% des particuliers ne se lavent pas les mains après traitement, 91% ne prennent pas de douche…
En conclusion
L’interdiction d’utiliser des pesticides chimiques de synthèse dans les jardins va dans le bon sens. Il existe des alternatives. Vous trouverez sur ce site quelques conseils, trucs et astuces pour sauvegarder vos cultures sans vous empoisonner. Encore faudrait-il que vous n’ayez pas comme voisin celui que j’ai rencontré dans un magasin au rayon phyto. Il disait à celui qui voulait l’entendre : « S’il n’y en a plus, c’est pas grave, j’irai les chercher en Espagne ! »
Il est grand temps que l’Europe s’harmonise !
Cet article est fortement inspiré du fascicule réalisé par la FREDON Nord-Pas-de-Calais (Haut de France) FREDON : Fédération REgionale de Défense contre les Organismes Nuisibles
En lien avec votre article, plasticienne j’ai réalisé une série sur le thème des abeilles. Cette série aux crayons de couleur la mortalité des abeilles par la pollution des substances chimiques et les pesticides utilisés dans l’agriculture. A découvrir : https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html
Mais aussi, en lien direct, une réflexion sur l’utilisation des produits phytosanitaires : https://1011-art.blogspot.com/p/hommage-magritte.htm
Bonjour,
Merci pour ce partage d’information très utile.
Denis