Chez nous, on est très traditionalistes. Surtout ma femme. Le 21 décembre, jour de l’hiver où les jours rallongent, mais que la température n’en sait rien vu que c’est le moment où ça caille vraiment, le 21 décembre disais-je, il faut installer le sapin dans la maison.

Bon

  • Va en cherchez un, me dit-elle, un grand !

Ça aussi c’est une phrase traditionnelle.

Comme ça avec votre machin qui dépasse de 2 mètres du coffre de la voiture, vu que vous avez oublié d’acheter un autocar, vous entendez quelques réflexions genre : « oh papi, t’as un truc qui dépasse… »

Bon

J‘installe le, roi des forêts mais angoisse de la moquette qui pense aux 2895 aiguilles qui vont se planter entre les bouclettes, et là, comme d’habitude, j’entends venir la phrase traditionnelle :

  • Mais t’avais mesuré pourtant, pourquoi tu l’as pris si grand ??

Avant que la mer de reproches me balaye d’un tsunami vexant, je fais jouer la scie à buche, et supprime en 4 aller-retour la base de l’arbre toujours vert. Je voyais bien qu’il faisait moins le malin. Je ne pouvais pas lui couper la tête, ça se serait vu. Il ne pouvait pas devenir le Louis XVI des forêts…

Passe le temps des réveillons, des festins à répétitions qui vous font dire au premier janvier qu’il faudra changer de pressing parce que votre costume a rétréci, et le 2 janvier est lâchée la phrase traditionnelle :

  • Faut que tu ailles planter le sapin, il perd toutes ses aiguilles sur la moquette !

Le gars qui invente un sapin avec des feuilles de platane, je vous jure qu’il fait fortune.

Et me voilà avec pelle et pioche dans un froid polaire, regrettant les huîtres à la mayonnaise du petit déjeuner…

Je me sens très costaud en soulevant la pioche. Et quand elle s’abat sur la terre gelée, je découvre des os, des articulations, insoupçonnés. Tout vibre jusqu’au plus profond de mon crâne. Les bulles du champagne éclatent entre les neurones. Mais c’est ça où Michel Sardou ! Oui parce que ma belle-mère a demandé aux enfants ce qui me ferait plaisir pour Noël, ils ont répondu tout sauf du Sardou. Vu qu’elle est sourde comme une brouette, elle a compris le Tout Sardou. 2 kg 623 gr emballage compris d’un gars qui ne s’en va pas, qui vole…L’intégrale ! manquait rien, les studios, les live, les bonus…Tout !

Alors mal de tête pour douleur au crâne, je me retrouve par moins 40 à creuser un trou.

L’an prochain j’achète un autocar et un tractopelle.

Après avoir joué le remake de Jean Valjean au bagne, le trou est creusé. Je sors le sapin du pot et là, ma félonie m’a rattrapé. Consternation ! J’avais oublié que j’avais coupé le bas du sapin et par là même supprimé les racines !

Encore un qui ne repartira pas au printemps.

Je rentre à la maison et là, je chantonne «la neige». Allez savoir pourquoi…