Lorsque je poursuivais mes études horticoles –  c’était dans les années 75 au lycée agricole de Coutances (50) – nous avions comme intervenant le responsable des services espaces verts de la ville, Monsieur Perrot*.
Monsieur Perrot expliquait que l’on pouvait planter « serrés » pour faire de l’effet rapidement, quitte à enlever le surnombre plus tard. Il  avait l’habitude de dire qu’un jardin n’est pas immuable.

Cet hiver a été rude. Les jours à -20°C dans mon midi d’adoption, ainsi que le vent desséchant et la rareté de la pluie ont contribué à la disparition de certaines plantes qui m’étaient fidèles depuis 15 ans. Qu’est-il arrivé aux cistes, romarins, grevillea, genêt d’Espagne, céanothes, sauges et lauriers roses, alors que tous avaient bravés les aléas climatiques antérieurs ? Ces compagnes avaient déjà enduré du -18°C, de la sécheresse estivale, de la neige de janvier, des inondations automnales… Avril montrent que certaines ont baissé les bras, feuilles, branches et même racines ! La plupart n’ont pas survécu. Même le pittosporum de la haie semble moribond.

Le jardin a changé d’aspect. Les perspectives ne sont plus les mêmes, les lignes de crêtes font des cassis jusqu’au raz du sol. Il faudra retailler, reformer, remplacer par d’autres volumes, d’autres couleurs.

Oui Monsieur Perrot, vous aviez raison, un jardin n’est pas immuable. Sans avoir besoin de supprimer les végétaux en surnombre ; le froid est passé comme un lance-flamme hasardeux.

Si la nature est toujours la plus forte, le jardinier est têtu, persévérant, obstiné. Le jardin n’est pas immuable, il est tout simplement. Alors il va falloir s’armer d’idées dans la conception et modifier les lignes et formes. Dans une main la bêche, dans l’autre un peu de courage.

En fait, rien ne change !

PS. Mille excuses Monsieur Perrot, si j’ai écorché l’orthographe de votre nom.
* Monsieur Perrot a été ensuite le chef des services espaces verts de la ville d’Alençon (61)