Allô docteur ?

«Les maladies et parasites ? Si on ne traite pas, on n’a rien ! »

Cette phrase a bercé mes études agricoles et je l’entends encore de la part de ceux qui pensent que c’était mieux avant. En fait, à coups d’études, de constats, d’observations, d’expériences des uns et des autres, force est de constater qu’il n’en est rien. On peut ne pas traiter et obtenir. Le point sur les maladies et parasites de votre jardin.

Parfois, un couac survient. Parce que nous ne maîtrisons pas tout, parce que la génétique est là, parce que nous vivons sur une terre qui bouge et dont les aléas climatiques et les échanges mondiaux font que des parasites s’installent et s’acclimatent, parce qu’à force d’utiliser de la chimie nous avons créer des souches résistantes… Pour tant de raisons, il y a parfois un incident. C’est aussi parce que nous n’acceptons pas la maladie, le parasite, qui nous privent d’une partie de la récolte. Mais pas question de dire qu’il faut laisser faire ! Alors, comment réagir lorsque les maladies et parasites s’installent ?

Quels sont les symptômes ?

Prendre le temps d’observer, et de tout observer.

    Abordons le cas d’un tilleul qui perd ses feuilles. Voici un tableau de diagnostic qui va vous aider à faire le point. Que vous posiez la question sur l’état sanitaire de votre arbre à la jardinerie du coin ou sur un site spécialisé, il vous faudra néanmoins donner le plus de détails possibles. Les diagnostics de pathologie à distance sont délicats et source d’erreurs par manque de renseignements. Mais il est normal dans notre exemple qu’il y ait des cases non remplies.

    Questions

    Vos réponses

    Nom de votre planteTilleul
    Age de plantation 4 ans
    Département / Commune Gard
    ExpositionSoleil
    Type de sol argilo-calcaire
    Feuilles anciennesJaunissent et tombent. Sont collantes 
    Feuilles nouvellesJaunes aussi. un peu grises
    Bois  
    Fruits  
    Fleurs  
    Racines  
    Date début des symptômesVers le 20 juillet
    Traitement effectué Aucun sauf augmentation des arrosages
    Quantité et fréquence des arrosagesUne fois par semaine, un arrosoir de 10 litres et maintenant 30 litres par jour
    Présence de parasites visiblesJe ne sais pas, je ne vois rien
    Autre observation  

    Le diagnostic

    Les renseignements donnés dirigent le diagnostic vers une attaque d’acariens (araignées rouges) fréquente en été sur tilleul. Les conseils iront dans ce sens en spécifiant que les arrosages sont à réduire, 30 litres par jour pour un arbre de 4 ans de plantation, c’est beaucoup trop.

    Sans toutes ces précisions, le diagnostic peut être faussé. Si le conseiller n’entend que « les feuilles jaunissent et tombent », l’avertissement sera d’arroser d’avantage, de mettre un anti chlorose, ou un engrais azoté ! Ceci ne changerait rien à la situation, sauf de l’aggraver.

    Toutefois, il peut s’agir de pucerons qui n’ont pas été remarqués sur les feuilles.

    La différence ? C’est que la lutte contre les acariens et les pucerons n’est pas la même…

    Rien ne vaut un diagnostic sur place par un jardinier amateur ou professionnel, bien éclairé, mais quand on ne peut faire autrement, la fiche de renseignements est d’une grande aide. Il est primordial de connaître la cause du désagrément. On établit alors le remède adapté.

    oïdium sur feuille d'acanthe, maladie nuisant à l'esthétique de la plante et pouvant anéantir le feuillage

    Repos, traitement ou chirurgie ?

    Une fois le diagnostic établi et la source du problème détectée, la question suivante se pose : faut-il agir ou laisser faire ?

    Quels sont les cas où on ne fait rien ? Quand la nature s’en charge, ou s’en chargera !

    Voyons un autre exemple qui est un cas d’école, très classique.

    Mi-mars, je vois des pucerons sur mes boutons de rose.

    Si je traite, même avec un produit bio, je vais réduire la population de pucerons à néant. Que se passe-t-il dix jours plus tard ? Les pucerons sont revenus. Il me faut donc appliquer encore un traitement et ainsi de suite pendant une bonne partie de la saison.

    En revanche, si je fais confiance à la nature et que je ne n’applique aucun traitement, (repos!) les auxiliaires, nos chers prédateurs de parasites, vont venir se régaler du festin et pondre près du garde-manger. Les larves feront le ménage dans la colonie de pucerons.

    Un cas d’école

    Il y a quelques années, j’enseignais l’entretien des arbustes à fleurs du parc du lycée agricole, à des étudiants en classe de Jardin espaces verts. Nous avions pu cette fois-ci, échappé à la pulvérisation générale annuelle de pesticides, contre maladies et parasites éventuels. Le printemps avait été si pluvieux que l’entreprise de traitement phytosanitaire n’avait pu se libérer. C’était un mélange de fongicide-insecticide-acaricide et sûrement élève-icide qui était projeté au canon sur toute la végétation tous les ans. Une soupe chimique qui donnait mal au crâne à tous ceux qui traversaient le parc.

    Cette année-là, les althéas (Hibiscus de Syrie) étaient noirs de pucerons. Les feuilles luisaient de miellat. Les étudiants voulaient donc faire un traitement. Mais en y regardant de plus près, nous avons compté plus de cinquante larves de coccinelle et une bonne dizaine de larves de syrphe sur chaque arbuste. Les auxiliaires étaient à l’œuvre, c’était open bar ! De plus, des feuilles d’érables jonchaient le sol. Nous y avons découvert des momies de pucerons parasités par des petites guêpes qui pondent dans le corps du puceron et dont la larve se nourri, un peu comme dans le film « Alien ». La nature avait repris son cours normal. Après en avoir discuté avec le responsable de l’exploitation, il fut décidé que plus aucun traitement chimique ne serait fait. L’éco avait gagné ! Écologie pour moi, économie pour les décideurs…Chacun son combat.

    Larve de coccinelle se délectant de pucerons, un parasite vivant en colonie
    Larve de coccinelle se délectant de pucerons, un parasite vivant en colonie

    Anecdote

    La coccinelle, qui vit 2 à 3 ans, choisi des plantes couvertes de pucerons pour pondre entre 100 et 350 œufs par saison. Une semaine passe et les larves sortent des œufs. Elles sont très voraces. C’est près de 150 pucerons qui sont dévorés chaque jour par chacune d’entre elles. La coccinelle adulte est moins gloutonne, elle se contente de 50 à 100 pucerons journellement. Mais quand la nourriture vient à manquer, elle peut se rabattre sur du pollen ou sa progéniture ! La petite bête à bon-dieu n’est pas aussi gentille que l’on peut le supposer.
    La coccinelle, la bienfaitrice

    Agir ou non ?

    Dans les cas que nous venons de voir, il était urgent de ne pas se presser. De plus, il est des attaques minimes qui nécessitent aussi le repos ! Ne rien faire.

    Si des prédateurs s’occupent des parasites, on attend et on observe. Tant que la population d’indésirables est sous le seuil de nuisibilité, tout va bien. Tant que la plante ne semble pas en danger, tant que la récolte n’est pas compromise, tout va bien. Il est des attaques importantes mais sans conséquence grave. Par exemple, il est courant de voir sur les poiriers, les feuilles garnies de pustules orangées, très jolies d’ailleurs. C’est une maladie cryptogamique, appelée la rouille grillagée. Si l’attaque intervient en automne alors que les feuilles sont en train de tomber, il n’y a pas d’urgence à traiter. Les feuilles seront ramassées et brûlées. Les traitements d’hiver préconisés entre novembre et mars détruiront une partie des spores de champignons hivernant dans les écorces.

    En revanche, le parasitisme peut faire de gros dégâts et mettre à mal une récolte. Même quand on est jardinier amateur, on voit d’un mauvais œil son travail réduit à néant par les maladies et parasites. Une colonie d’acariens sur tomate, des mouches blanches sur les potées fleuries de Lantana, ou des pommes pleines de vers ne sont que moyennement acceptés. Il va falloir agir. Mais que s’est-il donc passé ?

    La méthode prophylactique

    La méthode prophylactique regroupe l’ensemble des mesures de prévention des maladies, sous-entendu de tout ce qui peut nuire aux cultures. Notez bien que « Maladie » est souvent utilisée dans le sens générique de « pathologie ».

    Que peut faire le jardinier écoresponsable pour éviter les attaques parasitaires ? Nous avons vu qu’il y a une incidence très positive sur la résistance des plantes fertilisées avec des produits naturels, compost ou engrais naturels. De même, le choix des variétés suivant le climat et le sol de son jardin est important pour éviter d’avoir à subir des désagréments. En fait, tout ce qui peut aider une plante à être convenablement nourrie et abreuvée augmente sa résistance, ou freine les risques parasitaires notamment ceux causés par des insectes qui ont une préférence pour les végétaux faibles.

    Deux actes souvent oubliés par les jardiniers, le lavage et la désinfection.

    Tous les ustensiles, équipements, outils, vêtements, gants, doivent être lavés, car porteurs de parasites ! Œufs d’acariens, spores de champignons, graines d’adventices, bactéries, virus…autant de sources de maladies évitées. Le lavage est obligatoire. La liste serait incomplète sans la désinfection, celle des ustensiles, pots, cache-pots, tuteurs, liens, étiquettes…et celle des outils de taille comme le sécateur ou le taille-haie. Imaginez un tuteur à tomate dont la plante fut infestée par le mildiou, réutilisé l’année suivante sans désinfection.

    Imaginez un sécateur qui taille un abricotier malade d’une bactérie et dont on se sert pour tailler l’arbre suivant. La maladie se propage d’arbre en arbre par les outils de coupe et les plaies non soignées ! Lorsque je taille, j’utilise trois choses : un sécateur, une pierre à affûter et un pulvérisateur rempli d’alcool. L‘alcool est pour le sécateur, pas pour le jardinier…Maintenant que le vinaigre blanc est homologué pour la désinfection des outils de taille, (29 juillet 2015) il a avantageusement remplacé l’alcool très volatil.

    Autres méthodes de prévention, les filets et les pièges.

    Les filets sont des toiles que l’on pose sur les cultures. Elles sont assez fines pour empêcher l’insecte de venir pondre mais laissent passer l’air et l’eau. On utilise les filets anti insectes beaucoup en culture potagère, sur les carottes, les choux, les poireaux… C’est simple et efficace. On peut même les appliquer sur les Pélargonium (Géranium) pour éviter qu’un vilain papillon y dépose ses œufs, mais j’avoue que le coté esthétique de notre « roi des balcons » en prend un coup.

    Les filets anti oiseaux sont aussi des protections contre les pilleurs de semis ou de fruits. Il faut bien que nos amis à plumes se nourrissent, certes. Mais un couple de pies, une volée de pigeons, ou une nuée de sansonnets peuvent détruire un semis ou une récolte de framboises ou de cerises, très rapidement.

    Les pièges

    Les pièges sont nombreux. Le but est d’attraper les insectes avant qu’ils ne fassent des dégâts sur les cultures. On connaît le piège à guêpes, utile uniquement si quelqu’un de la famille est allergique aux piqûres, car la guêpe est un bon auxiliaire qui se nourrit d’un tas d’insectes. Il est regrettable qu’on les détruise autant.

    Le plus simple des pièges est la planche posée à même le sol, pour lutter contre les limaces. Ces dernières s’y réfugient dessous en début de matinée. Il suffit de passer tous les jours et de faire la collecte. De plus, si vous avez des poules, elles s’en régaleront.

    Le piège à bière : une petite bouteille enterrée avec de la bière au fond attire aussi limaces et escargots. Attention de ne pas mettre de la bière dans une coupelle, c’est néfaste pour les hérissons qui aiment bien boire un petit coup le soir. Sauf que, saoul, il est très vulnérable aux attaques de rapaces.

    Les plaques engluées

    Ce sont des petites plaques en plastique toutes collantes. Elles sont blanches, bleues ou jaunes suivant l’insecte à attraper. Elles ont longtemps servi de pièges pour faire des comptages afin de déclencher un traitement phytosanitaire. Placées en grand nombre, les plaques engluées sont un véritable moyen de lutte contre les parasites.

    Le pièges à phéromone : les phéromones sont des substances attractives sexuelles sécrétées par les insectes femelles. Une plaque en est enduite et placée près de la culture à protéger. L’insecte mâle s’y colle et meurt. Ne pouvant féconder la femelle, il n’y aura pas de ponte d’œufs. On se sert en principe de pièges à phéromones pour faire des comptages d’insectes. Mais dans le jardin d’amateur, il peut servir de traitement préventif, contre la mouche de la cerise, de l’olive, le carpocapse de la pomme…(Le carpocapse de la pomme est un papillon de nuit – merci donc aux chauves-souris de nous en débarrasser- dont vous connaissez sûrement la larve, c’est le petit ver dans le fruit!)

    acariens sur feuille de tomates, un parasite fréquent
    acariens sur feuille de tomates, un parasite fréquent.

    Les répulsifs

    Les répulsifs et les effaroucheurs : Il existe des répulsifs à ultrasons plus ou moins sophistiqués contre les rongeurs et les taupes, et des granulés agrémentés d’huiles essentielles pour éloigner les chats et chiens.

    Vous connaissez l’épouvantail, l’ancêtre des effaroucheurs ! Il y en a de toutes sortes. Vous pouvez même en fabriquer avec de vieux CD ou des bandes de papier aluminium pour effrayer les oiseaux. Le soleil se reflète soudainement et envoi un flash ce qui effraie notre ami à plumes.

    Toutes ces techniques font partie des méthodes prophylactiques, afin d’éviter que les parasites œuvrent à la déconvenue du jardinier !

    Quand il faut agir

    Les plantes au jardin sont comme les enfants à l’école. Il y en a qui avancent plus vite que d’autres. Certains ont une santé plus fragile que la moyenne.

    Le manque d’uniformité n’a aucune importance au jardin, les végétaux ont leur rythme de croisière. Une irrégularité peut provenir de la génétique, de l’environnement, ou du mode de multiplication, peu importe. Mais quand le parasite s’en mêle, malgré toutes les recommandations énoncées précédemment, que le seuil de tolérance est bien dépassé, il faut agir. J’appelle seuil de tolérance ce que la plante peut supporter. C’est aussi ce que le jardinier peut supporter… Accepter quelques pertes, c’est déjà un grand pas vers le jardinage écoresponsable.

    Autre cas d’école

    Anecdote

    Le seuil de tolérance pour un tilleul en cas d’attaques d’araignées rouges est de 7 bestioles par feuille ! C’est comme ça que, lors d’un stage durant mes études, je me suis retrouvé perché dans les tilleuls à compter avec une loupe les acariens (araignées rouges). Mon chef, resté sur le plancher des vaches, notait les chiffres… Pratique culturale ou bizutage, je ne l’ai jamais su ! Mais le traitement fut fait dans la semaine ! J’avoue, au bout de quelques temps passés dans les arbres, avoir compté approximativement !

    le seuil de tolérance

    Le jardinier a deux choix possibles, le traitement ou la chirurgie. Voyons d’abord le second choix, qui n’est pas forcément le plus mauvais, la chirurgie. C’est ce qu’on nomme la « méthode éradicante » qui consiste à supprimer les parties atteintes. Ôter les feuilles tachées, couper les extrémités des branches, supprimer les fruits malades, peuvent suffire à gommer la pathologie, ou tout au moins à la rendre acceptable, sous le seuil de tolérance.

    La chirurgie

    Dans la catégorie chirurgie, j’inclue les changements de place. L’environnement de la plante n’est peut-être pas le bon. Un arbuste à l’ombre qui ne fleurit pas ou un arbre qui végète depuis quelques années ont besoin d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus grasse. Mais parfois un arbre replanté 2 mètres plus loin se trouve dans un environnement plus adapté et se développe bien mieux qu’auparavant. Rappelons-nous qu’une plante qui souffre est plus sujette aux maladies et parasites.

    Le traitement.

    Il n’est nullement incompatible avec la chirurgie. Je dirais même que les deux se complètent. Traitement est un raccourci pour dire traitement phytopharmaceutique à utiliser en pulvérisation, en poudrage ou dans l’eau d’arrosage afin de soigner une plante ou d’éviter qu’un agent pathogène s’installe. Le traitement est préventif dans le cas où la maladie ne s’est pas encore manifestée, ou curatif, une fois le parasite installé. Et il sera nécessairement bio, c’est-à-dire accepté en agriculture biologique ; donc, pas chimique de synthèse !

    Anecdote

    Entendu dans une jardinerie :« Vous êtes certain que vous voulez le traiter ? Parce que, pour votre sapin de Noël qui n’a plus aucune aiguille depuis deux mois, je ne sais pas s’il existe un produit efficace. »

    La foi du vendeur

    La pharmacie du jardinier

    Pour soigner une plante, préventivement ou curativement, le jardinier dispose (encore) de deux types de produits, ceux dits chimiques de synthèse, et les autres, dits naturels ou bio ou acceptés en agriculture biologique. Néanmoins, ces trois termes ont leurs différences. Toujours est-il que le jardinier écoresponsable n’utilise pas les produits chimiques de synthèse pour deux raisons principales : Ils sont dangereux pour l’utilisateur au moment de la préparation de la bouillie et son application mais aussi pour le consommateur à cause des résidus de pesticides présents dans les récoltes, le sol, l’eau…

      Certains produits chimiques ont aussi une influence plus que néfaste sur les populations d’abeilles.

      Chimie : attention danger, et interdiction

      Toutes les études menées ont montré que le jardinier amateur était un gros consommateur de pesticides, notamment de désherbants. Les collectivités aussi. C’est pourquoi le « zéro phyto » est appliqué, volontairement ou par obligation dans les collectivités territoriales et les jardins publics. Certains s’y sont mis il y a plus de 15 ans, d’autres ont attendu d’y être obligé. La loi interdit l’utilisation des pesticides chimiques dans les lieux publics depuis le 1er janvier 2017, depuis le 1er janvier 2019 dans les jardins d’amateurs. Les responsables d’espaces vert prennent en compte dans leurs aménagements la problématique du zéro phyto : choix de végétaux adaptés au milieu, plantes résistantes souvent régionales, espaces fleuris, réduction des espaces engazonnés, paillage des massifs…ainsi que l’utilisation de nouveaux outils de désherbage (manuels ou thermiques)

      Il faut sortir de la formule : un parasite = un traitement. Ce serait trop simple. Il ne faut pas s’imaginer régler les incidents du jardin avec un traitement. Non pas que les produits acceptés en Agriculture biologique sont moins efficaces, mais parce que le jardin ne peut se concevoir que dans une réflexion écoresponsable. On ne parle plus de traitement phytosanitaire ou phytopharmaceutique, mais de biocontrôle qui inclut les mesures de prévention déjà évoquées : adaptation des plantes au biotope, modification des sols de cultures par les amendements et fertilisants adéquats, respect des dates de plantation, de mise en culture, d’opération sur les végétaux (taille…), préservation et développement de la biodiversité existante… L’important n’est pas d’éradiquer un parasite (ça ne marche pas!) mais de faire en sorte qu’il reste sous le seuil de tolérance. En fait, le jardinier va (apprendre à) gérer les envahisseurs.

      La tâche est rude parce qu’il reste encore beaucoup à démontrer, à tester, à inventer. Le jardinier écoresponsable a dans sa panoplie de sauveur de plantes, 4 groupes d’agents naturels :

      Les agents naturels

      • Les auxiliaires dont on a déjà parlé au chapitre précédent. Ce sont les prédateurs de parasites, comme la coccinelle qui mange les pucerons.
      • Les phéromones sexuelles qui attirent les mâles dans des pièges, avant qu’ils ne fécondent les femelles. Mais faut-il encore les installer au bon moment.
      • Les micro-organismes : bactéries, champignons, nématodes… des auxiliaires microscopiques en sorte !
      • Les substances naturelles que j’appelle aussi les préparations maison

      Le jardinier amateur écoresponsable voit désormais un certain nombre de nouveaux outils de désherbage venir renforcer sa panoplie de désherbeur écoresponsable, nous y reviendrons.

      Les auxiliaires

      Le jardinier peut trouver en jardinerie ou sur le web, des œufs d’auxiliaires, surtout coccinelles et chrysopes. C’est encore un peu cher pour un jardinier amateur. Le tout n’est pas uniquement de les faire venir au jardin mais de les garder. L’hôtel à insectes peut vous servir. Mais les tas d’herbes, de bois, de cailloux, les cotés sauvages de votre jardin sont des abris tout à fait adaptés à la faune locale.

      Les guêpes sont bien de taille ! Elles limitent très fortement les populations d’insectes. Il ne faut plus les voir comme des animaux nuisibles à détruire. Elles rendent un grand service au jardin. En revanche, il faut juste se méfier de leur piqûre si vous êtes allergique. D’où l’intérêt de porter gants et chaussures fermées, même en été.

      Astuce naturelle

      L’hôtel à insectes est une petite « maison » que l’on rempli de bois creux, de pommes de pin, de tiges fines, de planchettes empilées avec des espaces entre-elles, de bambous, de morceaux d’écorce, de bûches percées…Les insectes s’y abriteront. Pensez à installer non loin une gamelle d’eau hiver comme été, avec une planchette dedans, afin d’éviter les noyades !Vous pouvez aussi suspendre des pots en terre cuite que vous aurez garnis de paille. Cette maison sera habitée par les perce-oreilles, grands prédateurs de pucerons.

      Les phéromones

      Les phéromones sont de plus en plus utilisés au jardin. La lutte contre le carpocapse (ver des pommes, des poires, des noix, de la prune), le taupin (ver « fil de fer »), la chenille processionnaire du pin, la pyrale du buis, la cochenille farineuse, le ver du poireau, la mineuse du marronnier, la mouche de la cerise, se fait par ce procédé. Néanmoins pour que le piège fonctionne parfaitement il faut bien suivre les instructions données, à savoir le nombre de pièges à mettre en place, le lieu et les dates d’installation.

      Les micro-organismes

      Les micro-organismes sont aussi employés au jardin. Une bactérie bien connue depuis les années 70 en France, sert à lutter contre les chenilles (larves de papillons), c’est le Bacille de Thuringe (bacillus thuringiensis) et ses différentes souches. On l’épand aussi pour tuer les larves de moustiques. A ce sujet, supprimez toutes les soucoupes se trouvant sous les pots, ou faites en sorte qu’il n’y ait pas d’eau stagnante dedans. Ce sont dans ces endroits que vont pondre les tristement célèbres moustiques tigres, petits, mais vecteurs de certaines maladies graves pour l’humain.

      D’autres micro-organismes, des champignons, peuvent limiter les attaques de champignons pathogènes, au niveau des racines des plantes. Il existe des symbioses entre les champignons et les racines des plantes. Une symbiose est une relation gagnant – gagnant. Voyons de quoi il en retourne. Un champignon est constitué d’un réseau de filaments qui s’enroulent, dans le cas qui nous intéresse, autour des racines des plantes pour y puiser des substances carbonées présents dans la sève de l’arbre. En échange, les champignons fouillent un volume de terre bien plus important que les racines. Ils apportent aux plantes avec lesquelles ils sont associés, de l’eau et des éléments nutritifs.

      Le champignon dit à l’arbre :

      • Je t’apporte des matières premières, eau, azote, phosphates, et des nutriments indispensables, en échange d’un produit élaboré (sucres) que tu fabriques pour moi, parce que je ne suis pas capable de le faire. 
      • ça marche ! Répondit l’arbre
      • En même temps je fais un manchon autour de tes racines et je souhaite bien du plaisir aux champignons pathogènes de pouvoir s’y installer !
      • Tu es trop bon, mon champignon. Je te protège du soleil et de la sécheresse avec mon ombrage. Et mes feuilles à l’automne te feront une couverture. En se transformant en humus, elles contribueront à améliorer la structure du sol afin que tu puisses te développer à ton aise !

      C’est ainsi que champignons et arbres s’entendent depuis qu’ils existent. Encore faut-il que l’homme ne viennent pas casser cette complicité. Les champignons que l’on mange, girolles, cèpes et autres bolets, ne sont que les parties visibles des champignons, là où naîtront les spores responsables de leur propagation, si on ne les cueille pas avant. D’autres champignons font leurs spores sous terre. Et comme ils sont invisibles, on ne doute pas de l’importance de cette collaboration.

      Le jardinier peut apporter des mycorhizes lors de la plantation, afin de favoriser la pousse, la résistance à la sécheresse, aux maladies…

      Il y a des préparations standard qui conviennent à la plupart des plantes et d’autres bien spécifiques notamment pour les orchidées, les conifères, les bruyères et rhododendrons, les noisetiers et châtaigniers…

      Les mycorhizes se présentent sous forme de poudre que l’on va mettre en contact direct avec les racines lors de la plantation, que les plantes soient en motte, conteneur ou en racines nues.

      Pour les plantes installées, vous trouvez les mycorhizes en poudre à diluer avec l’eau d’arrosage.

      Mais si votre sol a reçu compost et fertilisation organique, et que vos pratiques culturales vous interdisent d’utiliser fongicides et désherbants chimiques, il y a de forte chance pour que la mycorhization soit déjà faite de façon naturelle.

      Les Nématodes à notre secours.

      Ces petits vers ronds microscopiques projetés sur les parasites, les envahissent. Ils pénètrent dans le corps des parasites et les empoisonnent grâce aux bactéries qu’ils transportent. Le parasite meurt de septicémie !

      Les nématodes sont spécifiques à un parasite. On en trouve pour lutter contre les limaces, les larves de taupin (le ver fil de fer reconnaissable à sa couleur orange), les larves du hanneton (le ver blanc), les larves de noctuelles (le ver gris), les larves de tipules (les cousins, qui ressemblent à de gros moustiques), les courtilières, les doryphores, le tigre du platane, les fourmis, les larves du papillon des palmiers ainsi que le charançon rouge du palmier et les larves d’otiorrhynques qui font des jolies dentelles avec les feuilles des troènes, lilas, forsythia, viorne et laurier tin.

      Évidemment l’utilisation de nématodes demande un total respect du mode d’emploi afin d’avoir l’efficacité optimale.

      Un virus sympa

      Autre micro-organisme utilisé contre le carpocapse de la pomme, le virus de la granulose. Là encore, il faut bien observer et être réactif. L’application se fait au pulvérisateur lorsque les larves sortent de l’œuf, avant qu’elles ne rentrent dans la pomme !

      Les acariens prédateurs sont de minuscules araignées qui se nourrissent d’autres acariens, phytophages. Mais pour les reconnaître, il faut être vraiment un spécialiste. Donc il est quasiment impossible de savoir si des acarien prédateurs sont sur les plants attaqués par les acariens phytophages. Ils sembleraient que les acariens prédateurs ne soient pas très efficaces sur les tomates car les feuilles sont poilues et collantes, entravant les déplacements de notre auxiliaire. Il faudrait donc déposer les acariens prédateurs sur chaque feuille atteinte !

      En revanche sur les plantes aux feuilles glabres, il peut y avoir présence de ces auxiliaires. Un traitement même bio supprimerait phytophages et auxiliaires. Je préfère suspendre des plaques où sont posés des œufs de chrysopes. Le chrysope est un joli insecte vert aux ailes transparentes et dont les larves sont de grandes voraces ; pucerons, thrips, acariens, cochenilles farineuses… Mais pour le garder, il faut un jardin fleuri l’été. L’adulte se nourrit de pollen et de nectar, uniquement.

      Les substances naturelles

      Infusion, tisane, décoction, macération : vous en reprendrez bien une tasse ?

      Il ne suffit pas de mettre des parties de plantes dans l’eau et de pulvériser le jus obtenu pour lutter contre une invasion parasitaire présente ou à venir. Ce serait comme ouvrir la boite à pharmacie et de prendre le premier comprimé qui se présente, l’avaler et se demander pourquoi le mal de tête ne passe pas.

      « L’automédication » pour plantes n’est pas un délire de jardinier branché mais fait appel à une réflexion et une certaine maîtrise des préparations naturelles.

      Un peu de vocabulaire :

      L’ infusion : les principes actifs de la plante (plante entière ou fleurs, ou feuilles, ou tige, ou racine…) sont extraits par un bain d’eau chaude, voire bouillante, qu’on laisse refroidir. Le thé du matin est une infusion !

      La décoction : c’est la même chose sauf que l’eau est maintenue chaude, voire bouillante, pendant plusieurs minutes, puis on laisse refroidir.

      La macération : c’est une infusion dans l’eau froide durant plusieurs heures, parfois plusieurs jours. Le fameux purin d’ortie est une macération de plusieurs jours.

      La tisane : elle est obtenue par infusion, décoction ou macération. C’est donc une plante ou partie de plante qui a séjourné dans l’eau, sans plus de précision.

      Pour apporter de l’aide aux plantes, on utilise des tisanes ! Mais il est bon de la fabriquer comme il se doit afin que les principes actifs agissent ; la fabriquer, la stocker, la filtrer, l’utiliser pure ou diluée, en arrosage ou pulvérisation, au moment propice…

      Si vous voulez vous lancer dans la préparation de tisanes, il vous faut un sceau, de l’eau de pluie, un coin abrité du vent et du soleil et, de manière facultative mais efficace, une pince à linge. La pince est à linge est utilisée pour se pincer…le nez ! Tous ceux qui ont fabriqué un purin d’ortie comprendront. L’odeur de certaines préparations est…nauséabonde. Entre la charogne et l’ensilage. Dans purin il y a le mot pu. J’exagère mais si peu.

      C’est juste pour vous prévenir avant d’avoir vos voisins sur le dos.

      Naturasol traitement contre la pyrale du buis
      Naturasol traitement contre la pyrale du buis

      Les éliciteurs

      D’une manière générale, les préparations à base de plantes sont soit des éliciteurs, principes actifs renforçant les défenses naturelles de la culture, soit des phytostimulants afin de favoriser la croissance, ou encore des solutions phytosanitaires, ayant une action directe sur les parasites présents ou à venir (préventif ou curatif). Parfois, juste l’odeur trouble l’insecte qui va voir ailleurs.

      Il existe quelques préparations à base de plantes sur le marché mais les jardiniers amateurs, comme beaucoup de professionnels en agriculture bio, biodynamie ou autres, fabriquent eux-mêmes leurs tisanes. Pourquoi ? Parce que à l’heure d’aujourd’hui, ces préparations n’ont pas d’homologation ou d’autorisation de mise sur le marché. Les « études » n’ont pas prouvé leur innocuité, encore faudrait-il qu’il y ait des études… Certains produits chimiques ont démontré leur dangerosité mais eux, sont sur le marché. Arrêtons là la polémique. J’ai tendance à faire confiance aux cultivateurs qui ont utilisé ces préparations à base de plantes depuis des siècles et qui ont montré par leurs actions l’efficacité de leur utilisation.

      Néanmoins, comme préciser ci-dessus, la préparation, le stockage et l’utilisation de la solution pure ou diluée, répondent à un processus qu’il est indispensable de respecter.

      Les plantes utilisées dans les préparations naturelles sont parfois les mêmes que pour notre santé. En d’autres termes, les plantes officinales (venant de l’officine, la pharmacie) aident l’humain mais aussi les autres végétaux ; les plantes au service des vivants.

      Les recettes de papi-jardin

      La macération (purin) d’ortie et autres plantes

      Ortie, consoude, prêle, fougère, sont les plantes les plus utilisées en préparation naturelle. Ces 4 là conjuguées ont des effets insectifuges (pour faire fuir les insectes), fongiques (pour lutter contre les maladies dues à des champignons), et fortifiantes.

      A savoir

      Lorsque l’on parle de maladies dues à des champignons, on emploie les qualificatifs fongique ou cryptogamique. Le premier vient du latin Fungus le champignon, l’autre signifie « caché mariage », car les organes reproducteurs sont cachés ou peu visibles, ce qui est aussi le cas chez les fougères, les mousses, les lichens, les prêles, les algues…. Le fongi-cide détruit les maladies crypto-gamiques

      Leur macération ainsi que celles de la rue officinale et de la bardane se fabrique de la même façon : 1 kg de plantes fraîches (ou 200 grammes si les plantes sont sèches) dans 10 litres d’eau de pluie. On positionne le sceau à l’ombre et tous les jours, le purin est mélangé avec un bâton. De petites bulles vont se former au bout de quelques jours. La fermentation a commencé. Au bout de 2 à 3 semaines, parfois moins s’il fait chaud, la macération est filtrée avec une passoire ou un linge (c’est mieux mais bien plus long!), puis entreposée dans des bouteilles opaques. J’utilise des bouteilles de lait en plastique avec bouchon qui se visse. Une étiquette précise le type de purin et la date. Un purin ne se garde que quelques mois. Les plantes restantes sont mises au compost .

      Chaque macération est fabriquée individuellement. Pas question de mélanger les plantes ensemble dans le sceau à macération. Si mélange il doit y avoir, c’est juste au moment de l’application. Voici d’autres tisanes utiles au jardin et leur recette. Si la cuisine vous passionne, faites-vous plaisir.

      Les macérations :

      La macération d’ail : faire tremper dans 10 litres d’eau une tête d’ail pilée pendant 48 h. Filtrez.

      La macération d’absinthe : faire tremper dans 10 litres d’eau 2 kg d’absinthe pendant 10 jours. Filtrez.

      Les macérations de  sureau, de feuilles et tiges de tomate, de rhubarbe : faire tremper dans 10 litres d’eau 1 kg de feuille de sureau (ou de tomates, ou de rhubarbe) pendant 2 à 3 jours. Filtrez.

      La macération de tanaisie ou de feuilles de noyer : faire tremper dans 10 litres d’eau, 2 kg de plantes pendant 2 à 3 semaines. Filtrez.

      Les décoctions :

      La décoction de prêle : faire tremper durant 24 h 200 g de feuilles dans 10 litres d’eau. Faire bouillir 20mn. Laissez refroidir, filtrez et mettez en bouteille.

      Les décoctions de sureau , de consoude : Même recette avec 1 kg de feuilles et fleurs pour 10 litres d’eau

      Les infusions

      L’infusion d’absinthe : utilisez 30 gr de feuille par litre d’eau

      L’infusion de rumex : utilisez 200 gr de feuille par litre d’eau

      Quelles plantes pour quels remèdes ?

      L’utilisation des extraits de plantes n’exempte pas la mise en place des cultures dans les conditions optimales, une bonne et adéquate fertilisation, des apports d’eau en rapport avec la saison et les besoins des plantes, une surveillance phytosanitaire…

      Autre précision, les tisanes sont le plus souvent des répulsifs, rarement des tueurs de bestioles. Mais l’important se trouve dans la diminution des aléas culturaux. On recherche un moins de parasites sur la plante et non une éradication totale et permanente, ce qui serait une hérésie.

      Recommandation pour les débutants

      Les préparations naturelles s’emploient pures ou diluées. Une dilution à 10 %, c’est 1 litre de préparation pure pour 9 litres d’eau de pluie. Dans un arrosoir de 10 litres, le mélange est vite fait à la bonne dilution !Une dilution à 20 %, c’est 2 litres de préparation pour 8 litres d’eau…

      Tableau des utilisations de produits naturels

      Parasites

      Plantes

      Tisanes et % de dilution

      Acarien, araignée rougePrêle

      Absinthe

      Décoction 20%

      Infusion pure

      Aleurode Tanaisie

      Sureau

      Macération pure

      Macération pure

      Altise Tanaisie

      Sureau

      Tomate

      Absinthe

      Macération pure

      Décoction pure

      Macération pure

      Infusion pure

      Chenille Absinthe

      Sureau

      Infusion 10%

      Décoction pure

      Courtilière, vers du sol (larves)Sureau Décoction pure
      DoryphoreTanaisie Macération pure
      Escargot, limace Prêle

      Rhubarbe

      Fougère

      Décoction 20%

      Macération pure

      Macération pure

      Fourmis Tanaisie

      Absinthe

      Feuilles de noyer

      Macération pure

      Macération pure

      Macération pure

      Mouche des légumes, carotte, tomate, aubergine, poivronRue Macération 10%
      Puceron Rhubarbe

      Consoude

      Macération pure

      Décoction pure

      Puceron lanigèreFougère Macération pure
      Ver du poireauSureau

      Tomate

      Macération pure

      Macération pure

      Maladies

      plantes

      Tisanes

      Cloque du pécher Ail Macération pure
      MildiouBardane

      Tanaisie

      Macération 20%

      Macération pure

      Moniliose PrêleDécoction 20%
      OïdiumRumex

      Tanaisie

      Infusion pure

      Macération pure

      Rouille Prêle

      Tanaisie

      Décoction 20 %

      Macération pure

      Taches noires du rosierPrêle

      Tanaisie

      Ail

      Décoction 20%

      Macération pure

      Macération pure

      A ces préparations à base de plantes pour lutter contre les différentes attaques parasitaires, s’ajoutent d’autres préparations acceptées en agriculture biologique.

      La première à laquelle on pense est sans nul doute la fameuse bouillie bordelaise.

      La bouillie bordelaise

      Anecdote

      L’histoire de la Bouillie bordelaiseC’est en 1882 que Alexis Millardet découvre que certains pieds de vignes du Bordelais, sur lesquels on avait pulvérisé du sulfate de cuivre afin de décourager les voleurs et autres grappilleurs de raisin, ne semblent pas souffrir du redoutable champignon, le mildiou. Ce champignon sévit, entre autres, sur les pommes de terre et les tomates. De même les vignes, enroulées sur les piquets de bois traités au sulfate de cuivre afin d’empêcher la pourriture du bois, sont protégées du champignon. Deux ans plus tard, des essais sont réalisés en mélangeant le sulfate de cuivre à de la chaux. La bouillie bordelaise était née. Elle sauva de nombreuses récoltes et fait encore partie des solutions contre un grand nombre de champignons pathogènes sur vigne, arbres fruitiers, plants potagers ou floraux…

      La bouillie bordelaise est un fongicide à large spectre. La bouillie bordelaise maitrise les attaques de Mildiou, tavelure, rouille, anthracnose, bactériose… Mais les effets secondaires font polémique. La matière active est le cuivre. Hors c’est un métal non lessivable, c’est-à-dire qu’il se fixe dans le sol et y reste ! À force de traiter, les concentrations fortes de cuivre détruisent aussi les « bons » organismes du sol, champignons et bactéries. En voulant soigner les parties aériennes, on détruit ce qu’il y a sous nos pieds. Néanmoins tout est une question de dosage. Dans tous les cas, respectez les doses et les fréquences de traitement stipulés sur l’emballage d’origine du produit.

      Truffe : danger !

      Tant qu’on est en forêt, dans un milieu naturel, les choses se passent assez bien. Mais quand on cultive les champignons, telle que les truffes, il est formellement interdit d’utiliser le moindre produit désherbant ou fongicide chimique. Même la fameuse bouillie bordelaise, pourtant acceptée en agriculture biologique est un fongicide interdit. Sa matière active, le cuivre est néfaste aux champignons du sol. Ces produits détruisent le mycélium du champignon, son fameux réseau de filaments. Adieu les truffes !

      Recommandations pour les débutants

      La bouillie bordelaise est le fongicide le plus utilisé car il agit sur un grand nombre de champignons pathogènes. Elle est aussi bactéricide, et donc employée contre les bactérioses des arbres fruitiers. L’ennui est que le cuivre est un métal qui ne se lessive pas. Et d’année en année la concentration en cuivre du sol augmente au détriment des champignons et bactéries. Vous avez compris que chez les bactéries et les champignons il y a les « bons » et les « nuisibles» pour les plantes. Mais le cuivre et bien d’autres substances fongicides ne font pas la différence. Ils ne sont pas forcément spécifiques et détruisent tout. Produits bio ou naturels, il est nécessaire d’ avoir connaissance de leur mode d’action afin de les utiliser à bon escient.

      Le soufre

      Autre produit minéral utilisé dans les jardins et accepté en agriculture biologique, le soufre. Il est utilisé en prévention sur les cultures redoutant l’oïdium. Ce champignon appelé le « blanc » à cause de son aspect poudre blanche sur les feuilles se répand facilement sur de nombreuses plantes comme les rosiers, chênes, érables, fusains, aubépines, pommiers, poirier, cognassiers, vignes, spirées, hortensias, platanes, trèfles, bégonias, chèvrefeuilles, œillets, haricots, lilas…

      En fait, on pourrait croire que chaque plante a son oïdium. C’est presque ça. Oïdium est un terme générique pour nommer ces champignon qui se ressemblent tant qu’il ne font plus qu’un. Ça tombe bien, ils se traitent de la même façon, en préventif, par des pulvérisations de soufre. Comme précisé plus haut, le rumex et la tanaisie ont aussi un pouvoir anti oïdium. Comme pour la bouillie bordelaise, les doses et les fréquences de pulvérisation de soufre sont à respecter. Tout est stipulé sur l’emballage.

      Le savon noir

      Le savon noir est un insecticide facile à utiliser. 200 gr dans 10 litres d’eau, on remue bien et c’est prêt. Attention tout de même, le savon noir est un insecticide non spécifique. Il détruit tous les insectes qui reçoivent la pulvérisation. Les auxiliaires à l’œuvre sont aussi détruits !

      Autre petit mélange maison pour lutter contre les cochenilles, le savon noir additionné d’huile végétale (olive, colza) et d’alcool à 90°. Une cuillère à café (!) de chaque dans 1 litre d’eau. Ne forcez pas la dose, l’effet serait néfaste pour les plantes.

      Recommandations

      Un traitement se fait tôt le matin ou tard le soir. Il n’est pas bon pour les plantes de recevoir de l’eau froide sur les feuilles chauffées par le soleil.

      Vous voilà parés ! Les plantes que vous avez choisies et plantées dans votre jardin avec amour et un peu de technicité, sont prêtes à donner le meilleure d’elles-mêmes. Ce n’est pas un petit parasite de rien du tout qui va entacher votre plaisir de jardiner avec la nature. D’autant que vous avez maintenant le loisir de fabriquer et d’utiliser des tisanes fabrication maison pour rendre les populations d’indésirables sous le seuil de tolérance.

      Apprenez à favoriser, entretenir et accroître la biodiversité dans votre jardin, en lisant ce merveilleux bouquin