– Il vous faut supprimer la confiture sur le pain au petit déjeuner. Ça vous fera 26€.
La sentence venait de tomber. Supprimer la confiture ! Le spécialiste des lendemains de fêtes arrosés avait jeté son injonction avec la force d’une lame de guillotine. J’en perdais le souffle, et la tête, alouette.
Je suis rentré par le chemin des écoliers, j’avais besoin de me remettre de la violence de l’annonce. Je criais à l’injustice, à la traitrise, à l’infamie. Avait-il une idée de la portée d’un tel dictat ? J’étais terrassé, anéanti.
Puis vint le moment de la révolte. « Mais qu’est-ce qu’il connait à la confiture cette andouille ! »
Vous imaginez Ma confiture, me l’interdire ? Autant dire à une vache de ne plus brouter l’herbe, a une coccinelle de ne plus toucher aux pucerons, a un poireau de virer au rouge. Tiens il m’en faudrait un maintenant. Pas un poireau, un rouge, voire deux…
Non mais « j’y crois pas » ! Ma confiture, de pêche blanche ! J’ai traité mon arbre contre la cloque, j’ai badigeonné son tronc avec du blanc arboricole, j’ai taillé les branches après désinfection de la lame du sécateur, biné au pied, fertilisé à l’engrais organique, éclairci la ramure en ôtant les fruits en surnombre par deux fois – la première je suis trop généreux et je garde trop de fruits -, je lui ai parlé, j’ai vérifié son état sanitaire et guetté l’arrivée hypothétique de parasites, je l’ai arrosé dans ses moments de faiblesse, attendu la maturité des fruits, j’ai cueilli les pêches avec la paume de la main, j’ai lavé et épluché les fruits, coupé la chaire en fines lamelles, mis le tout à macérer dans du sucre bio et un jus de citron une nuit entière, j’ai fait cuire à basse température, mis en bocaux stérilisés , étiqueté les pots et entreposé le tout sur l’étagère. Et ce gros couillon de la lune voudrait que je ne mange plus de Ma confiture de pêche ? Oh pôvre de môa !
Alors là, il peut y croire ! Je vais te faire une platrasse de tartines, avec le beurre en baratte et Ma confiture de pêche blanche demain matin, que même les oiseaux n’auront pas une miette.
Ma confiture de pêche blanche c’est une descente de velours dans le gosier, c’est une perle de douceur, c’est le chant des cigales venues se perdre dans la vigne d’à côté, c’est le soleil qui chauffe les terres, c’est le vent dans les ailes du papillon. Mais qu’est-ce qu’il y connait lui, se bouffeur de pseudo fraise à l’aspartame, ce client de l’agroalimentaire de masse…
T’as compris ? Ma confiture de pêche blanche, t’y touche pas !
Ah ben, c’est malin : voilà que j’ai une furieuse envie de goûter ta confiture ! tiens, mange donc une tartine à ma santé, ça me consolera un peu 🙂
J’ai adoré ce billet de rebelle de la médecine pas aussi douce que la confiote de pêche blanche…
Merci. j’ai reçu un mail de ma cousine à ce sujet :
mon pôvre !
demain je recherche dans mes affaires le poème que grand-papa a écrit à propos des confitures c’est génial tu verras
bon petit déjeuner
tous les matins je mange de la confiture que j’ai faite avec mes petites mimines
comme tu dis il est formellement interdit de m’interdire d’en manger
d’ou sors tu ce truc débile …
bisous
Mon pôv’ Daniel, il y connaît rien ton bonhomme ! Tu nous donnes l’eau à la bouche avec ta confiture !! Qu’est ce que tu vas tremper dans ton rouge maintenant ? Du nutella ?! Bon courage à toi. Si tu dois impérativement te débarrasser des bocaux, j’peux aider la médecine à te guérir en les mangeant à ta place !! Bisous (et au 21 mars ???!!)
alors là compte la dessus ! Ma confiture de pêche blanche, on la mangera mais ensemble !! Du Nutella ! ce mixte de graisse et cacao pour la couleur ? celui qui s’approche de mes bocaux je le mords… 🙂 (oui au 21 mars, faut qu’on en parle)
Bon pour le 21 mars on en parle sur facebook ! T’as intérêt à être là. Bises