J’ai descendu dans mon jardin
Pour y cueillir du romarin…

Il  est des comptines dont il faudrait se méfier. L’auxiliaire avoir, utilisé avec le verbe descendre pourrait se comprendre si la suite de la phrase indiquait une tuerie. J’ai descendu dans mon jardin, le merle siffleur. Bon. Ou le sanglier ravageur de potager, si vous préférez.
Autre emploi : j’ai descendu dans mon jardin la poubelle de compost… mais il n’y a pas de quoi le chanter.

Mais j’ai descendu dans mon jardin pour y cueillir du romarin, c’est plus discutable. Je suis descendu  choquerait moins. D’autant que je n’ai plus besoin de tuer le romain, l’hiver s’en est chargé. Et puis je coupe le romarin, je ne le cueille pas mais vous faîtes comme vous voulez.

Les premiers jours de printemps ont déjà la température d’un début d’été, ainsi que sa sécheresse. Les 3 mm d’eau tombés en mars, ne vont pas atténués les  4 mois de sec ! Tout grille allègrement. Les nouvelles feuilles et les fleurs des fruitiers apparaissent  avec en toile de fond un tapis de prairie jaune paille. Les prochaines daubes se passeront de feuilles de laurier sauce. La touffe du véritable genêt d’Espagne (Genista hyspanica, et non le Spartium junceum) qui devrait se parer d’une multitude de fleurs jaunes à en recouvrir la verdure du bois reste indéniablement brun, d’un brun feuille sèche automnale. Les cistes, callistemon, lauriers roses, sauges, mimosas, santolines, vont passer au broyeur. Les moins 18°C  ajoutés au vent sec et glacé de l’hiver a commencé le nettoyage de printemps.

Pourtant tout était bien parti, un peu trop d’ailleurs ; les frênes pointaient leur dards verts en janvier, les rosiers aussi avaient des envies d’expansion, l’amandier le fou comme à son habitude montrait ses corolles blanches. C’était sans compter sur le mois le plus court et le plus traite !

Je n’y suis pour rien je vous l’assure. Je n’ai pas descendu dans mon jardin, c’est pas moi…