A mon ami Gwen,

Toi qui viens d’acheter une maison avec vue sur jardin, sur ton jardin, et qui te questionne sur le devenir de ton lopin de terre, voici une histoire, vraie sinon ça n’a aucun intérêt, qui te démontrera que la patience vaut mieux que le courage.
Samedi, le soleil est encore présent dans ce ciel de septembre. L’envie de jardinage, c’est comme une faim, ça frappe à l’estomac régulièrement. Envie de salade, de planter de la salade pour une récolte d’automne, et je me retrouve dans le rayon plants potagers de la jardinerie du coin. Je dépose dans le chariot à roulettes quelques plants de laitue à couper, et je file en direction des caissières et de leur machine infernale.
Je suis perdu dans mes pensées bucoliques, j’imagine le sillon et le plantoir effleurant le cordeau. Et là, dur réveil, je n’ai que 10 plants dans la barquettes qui doit en contenir 12 ! je quitte ma place amèrement et retourne chercher les deux pièces manquantes. Evidemment, à mon retour dans la file initiale, je me retrouve une case plus loin. La dame me précédant me fait passer devant elle, car elle a pitié de mes plants assoiffés qui ne demandent qu’un peu de terre de jardin et beaucoup d’amour. Après mon refus poli et mes remerciements adaptés, la gentille dame change de file car la caisse de gauche se libère semble-t- il plus rapidement. Regagner sa place perdue, je croyais être le chanceux du jour…
S’en suit, une panne de rouleau, un coup de téléphone pour une erreur de prix, l’absence interminable de la caissière pour l’emballage d’une plante récalcitrante au cellophane, un billet de 100€ qui déclenche un urgent appel de monnaie, une demande de facture, une contestation sur le prix d’un thuya qui ne semble pas en adéquation avec la hauteur, et tout ça grâce aux deux acheteurs me précédant.
C’est un gag, je cherche en vain la caméra cachée.
Merci Madame de m’avoir laisser votre place dans la file.
Pour gagner du temps sur un semis dont ,entre nous,  un euro de graines m’aurait donné quelques 2000 salades (et oui !) j’ai voulu mettre en terre le travail d’un autre. Et où se trouve le passionné ? L’intérêt du jardinage n’est-il  que dans la récolte ?
Tu l’auras compris mon ami Gwen, ta passion du jardin qui se révèle,  commence par le questionnement. Si ton jardin était fini (mais peut-il l’être un jour ?) tu serais passé à côté de la joie de donner à la nature un peu de ton organisation et de ton sens de la beauté. Quoique tu y fasses, ton jardin, c’est ton œuvre. Amuse toi et prend ton temps…
P.S. Toujours OK pour venir rafraîchir ton poirier cet hiver…