La terre est parfaitement et uniformément jaune. De la couleur de la plage lorsque le soleil écrase les baigneurs. Sauf que le sable manque. D’ailleurs tout manque dans ce sol. Sauf l’argile. L’argile, jaune comme le sable…
Dans les Cévennes, aux frontières aléatoires – cela comprend une bonne partie du sud du Massif Central – la région est rude pour les plantes. Dans le jardin où je dois aménager un massif d’arbustes, je prends en compte les moins 18°C de l’hiver dernier, les plus 36°C de cet été. La pluviométrie n’est pas plus faible ou plus importante qu’ailleurs en France mais il peut tomber 2 à 3 mois de pluie en 24h. Et l’argile millénaire est accrochée à la colline.
Le jardin est entouré de vigne et d’oliviers. Quelques chênes verts intrépides se sont implantés et jouent les prolongations.
La tarière fixée au tracteur peine à creuser plus de 30cm ce bloc de béton. Il n’a pas plu depuis presque 4 mois et le vent balaye la contrée. Je dois finir les trous à la pioche-hache, tranchant les racines des cornouillers sanguins essaimés par les oiseaux.
Le choix des espèces montre surement un manque d’originalité mais l’ensemble est cohérent et esthétique. Buddleia alternifolia, Abelia, Elaeagnus panaché, Cotoneaster lactea, Lilas variés forment l’arrière garde. Je risque un Viburnum bodnantens et une Nandine, ainsi qu’un Genêt d’Espagne. La touche personnelle se traduit par un Ribes odorata aux cotés d’un Lonicera fragrantissima.
Les trous sont rebouchés avec un mélange de sable de la rivière, de terreau bas de gamme, du compost bien mûr et deux poignées d’un fertilisant organique. Après l’arrosage d’une soixantaine de litres par pied, la cuvette est rebouchée et recouverte de vieux fumier de cheval très pailleux.
Ce n’est pas quelques tonnes d’argile qui vont arrêter le jardinier !