En regardant mon jardin, je lui ai susurré dans le creux de la feuille du chou, « toi, il va falloir que tu me fasses faire des économies… ». Croyez-le, il a tremblé ! Ce sacré lopin de terre a cru que j’allais le mettre à la diète. Moins de compost, moins de soins, moins de fleurs qui ne rapportent que de la couleur… Les restrictions budgétaires allaient le mettre partiellement en jachère, mot gentil pour dire en repos, en inactivité, en vacances.

J’ai donc du rassurer tout mon environnement, biotope et biocénose réunies, même les oiseaux de la campagne voisine qui regrettaient déjà de ne pas être migrateurs.

J’ai exposé mon plan d’action.

  • « Compost sur toute la surface et paillage permanent ! » Les vers, les fourmis et la salade applaudirent.
  • « Plantation sur billot ou en carré avec fosse d’arrosage au milieu ! » Le compost reprenait des couleurs et le syndicat des racines ouvrières fut rassuré.
  • « Cet hiver un plan du jardin mentionnant les rotations de cultures et les associations de plantes compagnes serait établi avec une place importante réservée aux cultures florales ! » Les œillets d’Inde reprirent la maturité de leurs graines.
  • « Finis les semis en grand nombre ! chaque variété aura ses graines minutieusement comptabilisées dans la terrine pour éviter les surproductions. » Les haricots souvent serrés trop près les uns des autres, soupirèrent de bon air.
  • « Et finies les cultures qui ne se plaisent pas chez moi. Les trocs plants du club des jardiniers de France serviront aux échanges des légumes en surnombre afin que tous puissent profiter d’une totale biodiversité dans l’assiette ! »

Ce fut l’explosion de joie. Le jardin plaisir avait une nouvelle mission, celle de redonner un peu d’épinards pour agrémenter le beurre. Un jardin, c’est un don. Profitons-en.