23h35 : un voisin tape à la porte.
- Tu ne sens pas ? ça a brûlé dans le fossé et il n’y a plus de courant !
- Ben non, je dormais
- Viens voir !
Avec une dose de sommeil qui persiste et une autre dose de curiosité qui m’incite à le suivre, je pars avec mon fardeau. Effectivement ça sent le cramé, un mélange d’herbe et de plastique. Le fossé en question devait servir de déversoir aux bâches agricoles.
Sur place, une voisine :
- On a éteint ce qu’on a pu et on a prévenu les pompiers. C’est le câble électrique qui a cassé et qui a mis le feu.
Bien la voisine, efficace dans les actes et dans les conclusions ! Je vais pouvoir aller me recoucher. Sommeil regagne du terrain et Curiosité n’a plus raison d’être.
- On a eu de la chance ! les oliviers n’ont rien et le vent a calé, sinon ça aurait pu être grave !
Les pompiers arrivent, l’astreinte des hommes du courant électrique suit.
2h08 le courant est revenu. Mes esquimaux, allongés dans le congélateur sont saufs.
Mais si la Nature en avait décidé autrement…
23h35 : un voisin tape à la porte comme un fou et gueule :
- Eh oh ! sort ! ça crame !
Avec une dose de sommeil vite évacuée et autre dose de trouille grandissante, je sors et suis mon voisin déjà 30 mètres devant. Ça pue, ça grésille, ça pique le nez et les yeux.
Sur place, une voisine :
- Le câble électrique a pété et ça a mis le feu. J’ai appelé les pompiers. Et ce Mistral qui reprend ! ça va gagner les cyprès ! Préparez-vous à évacuer à tous les coups !
Bien la voisine, efficace dans la détermination des causes et les conséquences prévisibles. Alternative, où es-tu ?
Le feu prend dans les cyprès. Pas grave c’est moche. Oui mais derrière il y a deux pins plus que centenaire et plein de lavande…Pauvres abeilles…
Dans la ruche, c’est l’effervescence ! Arlette Nectar-Ine s’emporte !
- Travailleuses, travailleuses ! on vous ment ! on vous spolie ! la Reine vous a mises en danger dans ce lieu de perdition et de souffrance. Les flammes nous entourent et la Reine ne fait rien ! Quittons cet endroit de dur labeur et de perdition. Avec moi les travailleuses !
Arrêtons là les spéculations catastrophiques. Il n’y a pas de vent. Les pompiers et les gens du courant font leur job. Et moi, je repars me coucher. Je croise un papillon qui se mare…