Le Maréchal Jardin vous parle !
Halte au feu ! Halte au mildiou ! Halte au génocide des feuilles d’automne !
Encore trop de ces charmantes voltigeuses de novembre sont maltraitées et finissent en combustibles pour chauffer les nuages, qui s’en fichent d’ailleurs, vu la température de l’eau qui tombe en ce moment.
Au nom d’une propreté subjective, les feuilles mortes se ramassent à l’appel, non pas du 18 juin mais du 25 Novembre. La sainte Catherine, époque où tout bois reprend Racine, sur la scène du jardin (ouais, faut suivre), à la saint Catherine disais-je, le nettoyage d’automne fait rage. Entendez vous dans nos campagnes mugir ces féroces brûloirs de feuilles ? Ces braseros du scandale ? Ces pourvoyeurs de pollution ? Ces témoins fumants de l’élimination finale d’une jeunesse verdoyante et purificatrice ?
Halte aux feux de nos contrés ! Paysan ! Lève toi, et parcourt tes monts et vallées avec sur ton dos, l‘extincteur salutaire et dénonce les auteurs de ces infamies au comité de sauvegarde naturel !
– heu, Maréchal, reprenez un peu de tisane…
– oui, heu… bon !
A-t-on oublié la douceur de l’ombrage ? Les caches à oiseaux ? Le doux chant des bises matinales ? Ah, bravo ! Détruire aussi violemment ces capteuses de lumière, ces fabricantes d’oxygène, c’est la porte ouverte au désintéressement du service rendu à la nation. Rappelons nous que les prochaines générations de feuilles auront en elles les blessures infligées à leurs aînées. Et si un jour de printemps, elles se mettaient en grève? Si elles ne revenaient plus ?
Respectons la fin de nos petites feuilles qui par le jeu des saisons ont changé de couleur, et de lieu d’habitation. Les filles de l’air deviennent couvre-sol, pour protéger du froid la terre qui les a fait naître.
Jardinier cherche feuilles pour paillage, ou fabrication de compost nourricier.
Feuilles d’impôt s’abstenir.